5 questions à... David FAYON 

 

Made in Silicon Valley
 

1) Qui êtes-vous ?

Je suis tombé dans la potion numérique étant petit (premier ordinateur en 1981, premier mél en 1989, première utilisation des réseaux sociaux en 1999). J'ai fait coïncider ma passion de l'informatique avec mes études (Télécom ParisTech, Université Pierre et Marie Curie, IAE de Paris). Après avoir travaillé notamment chez Alcatel et France Télécom, j'ai occupé plusieurs fonctions au sein de La Poste (directeur marketing de ColiPoste, directeur de projets à la direction financière et à la direction du système d'information, responsable prospective et veille pour trouver des relais de croissance) avec toujours l'approche du numérique en transverse. Parallèlement, j'ai toujours effectué une veille active sur le numérique en étant également conférencier et formateur de dirigeants pour les aider à intégrer dans leur stratégie la dimension 2.0. Désormais consultant depuis la Silicon Valley où je réside depuis 2014, je reste à l'affût des nouvelles tendances numériques qui contribuent à changer le monde et les décortique pour aider des entreprises et des organisations françaises dans leur stratégie – tout en menant parallèlement une thèse sur la transformation digitale des banques.


2) Quel est le thème central de ce livre ?

Ce livre analyse les raisons qui ont permis aux États-Unis d’être les leaders du numérique sur l’ensemble de la chaîne de valeur (matériel, logiciel, données) avec une analyse sociologique, historique et économique. Les acteurs comme les GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft) et plus récemment les NATU (Netflix Airbnb Tesla Uber) de nature disruptive sont passés au crible ainsi que l’ensemble des secteurs d’activité de l’économie (par exemple les biotech, l’automobile) qui sous l’impulsion du numérique se transforment. Ces 9 fantastiques mais aussi le développement des start-up qui poussent comme des champignons, la positive attitude, l’attraction des talents et l’importance du capital-risque sont analysés. Car même si on assiste à une montée de la Chine et de l’Asie, les États-Unis restent l’unique superpuissance dans le monde tandis qu’à quelques exceptions de champions évoluant en 2e division, l’Europe est numériquement faible.

Ce livre est aussi une puissance investigation de terrain avec 85 entretiens de personnes connaissant bien l’écosystème d’Amérique du Nord. Ceci comprend des dirigeants français qui ont fait le choix de s’implanter aux États-Unis (avec des témoignages des patrons de Criteo, Sigfox, Leade.rs, Numberly pour ne citer qu’eux) mais aussi des acteurs de toute nationalité.

Alors que la France traverse une période économique difficile depuis plus de 40 ans et d’incertitude notamment politique, 30 recommandations sont livrées en fin de livre pour faire de la France la tête de pont du numérique en Europe et bâtir une nouvelle frontière numérique où face et avec les États-Unis et l’Asie, l’Europe aurait son mot à dire dans une logique de coopétition.


3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?

Je citerai deux extraits d’interview qui illustrent bien cette suprématie de l’Amérique au niveau numérique. La première « Les États-Unis sont partis les premiers, ils courent plus vite que les autres et ils ont moins de poids sur les épaules. Les domaines deviennent si pointus et si spécialisés qu’un nouvel entrant a très peu de chances de rattraper son retard. » et aussi « Une possible ubérisation de la Silicon Valley ne peut se faire que dans une période lointaine. L’effet de réseau positif fait que les meilleurs viennent ici. Beaucoup gravitent autour des GAFA avec des niveaux de cash et de capitalisation colossaux. ». Pour autant des raisons d’espérer pour la France existent à condition de disrupter les mentalités et de penser tout de suite taille mondiale et de se donner les moyens en considérant qu’une implantation aux États-Unis peut constituer un tremplin à condition d’être bien préparé et épaulé.


4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?

Je vais peut-être vous surprendre mais je citerai deux musiques. Tout d’abord La symphonie du nouveau monde de Dvorak. Tout est vu positivement, tout est possible. On est entraîné à aller de l’avant, à se dépasser, à inventer de nouveaux usages grâce au numérique. Ceci s’applique pour l’Amérique dans son ensemble.

Mais aussi et plus spécifiquement pour la Silicon Valley, par rapport au courant transhumaniste et à la singularité et son corollaire, les machines supplanteront un jour les humains : le End Title de la musique de Blade Runner par Vangelis.


5) Quel conseil souhaiteriez-vous prodiguer à vos lecteurs ?

Comme pour mes autres (co-)ouvrages et grâce aux différents outils numériques, c’est la possibilité d’échanger avec mes lecteurs pour confronter des idées car dans le numérique qui est un domaine infini, chaque acteur détient des éléments du puzzle et la collaboration prime toujours la connaissance et la pratique individuelle pour, avec la confrontation et les échanges, trouver de nouvelles pistes utiles pour tous. En échangeant, le livre devient livre augmenté et a une deuxième vie ou du moins vit de façon interactive. Les débats avec les Français qui sont dans le numérique et innovent en France et partout dans le monde sont lancés. Et les 30 recommandations en fin de livre constituent par ailleurs une feuille de route que le nouveau Gouvernement pourrait avoir présente à l’esprit.